Ecrivain, poète et personnalité de dissidence soviétique, Yulia Voznesenskaya ne voit désormais le monde qu’à travers le prisme de la religion. La foi est devenue sa seule arme pour lutter contre ses souvenirs.
La chrétienne Voznesenskaya n’aime pas la Voznesenskaya féministe. C’est-à-dire celle qu’elle était avant aux yeux des autres. Ce n’est pas tant qu’elle craigne d’être mal comprise mais plutôt qu’elle se déplait telle qu’elle était perçue par le pouvoir soviétique et telle qu’elle devenait auprès de ses lecteurs. Ses œuvres écrites à l’époque de l’URSS, pleines de finesse et non sans humour, aujourd’hui l’intéressent peu. Ses yeux, très bleus et sincères, tourmentent tellement son regard est intense. Toujours aussi peu soucieuse de ce qu’on va penser d’elle, Voznesenskaya n’a pas peur qu’on se trompe à son égard. Me voilà, semble –t- elle dire. Oubliez votre orgueil féminin, je vous prie. Il me gène, m’irrite, me contraint à me montrer brave et forte, ce que je ne suis plus, ou inutile, ce que je ne suis pas d’avantage.Me voilà, Yulia Voznesenskaya, « vieille dame », un mélange d’idées spirituelles et de souvenirs lourds à porter.Volontairement retranché depuis quelques années de toute vie sociale, cette femme crée un climat singulier parce qu’elle ne joue visiblement aucun jeu. Elle l’a suffisamment fait dans sa vie antérieure. Le cas de Yulia Voznesenskaya n’est peut-être pas unique dans l’histoire littéraire soviétique et russe mais elle se rattache tout de même à des circonstances rares.
Cette femme qui s’est faite connaître par une double activité d’écrivain et de féministe dans les années 60, qu’il lui valut un séjour dans un camp d’internement en Sibérie, s’est retrouvée contrainte de partir en exil en 1980.Aujourd’hui elle vit et écrit à travers sa foi.Tout semblait pourtant bien s’ordonner autour de la jeune Yulia lorsqu’à l’âge de 24 ans, passionnée de littérature et étudiante à l’Académie des arts théâtrales de Saint-Pétersbourg (Leningrad à l’époque), elle s’apprêtait à faire publier un des ses nouveaux textes. En 1964, peu de temps après cette publication, elle fut pour la première fois condamnée pour 1 an de travaux forcés. Jeune et décidée, elle continue ses activités littéraires, organise les soirées-salons dans son appartement communautaire, publie des poèmes via samizdat (système de publication d’écrits clandestins), et plus encore: se fait baptiser orthodoxe. Affolante destinée: « J’appelle mes lecteurs vers la foi, l’espoir et l’amour. Ceci est très important ! Il faut également savoir pardonner aux humains mais aussi à la vie elle-même. Pardonner toutes les vexations que l’on a subites. Celui qui a su pardonner sera à sont tour exempté de ses pêchers. Et qui n’en a pas ? J’en ai rencontré personne de tel, même dans les couvents»
Elle a passé 3 ans au Couvent de la Sainte-Vierge de Lesna en Haute-Normandie ou elle tentait tous les jours de trouver un sens à son existence. Elle en est sortie avec certitude de continuer à écrire et prier. « Je n’ai pas de conseils spirituels à donner, écrire est mon unique prédilection et mon travail quotidien. Pour le reste je mène la vie d’une simple vieille dame qui se déplace à l’église quant le temps et la santé le permettent, -confie-t-elle.» Désormais elle n’écrit plus que les livres dotés d’un sens religieux. Son « Décameron des femmes », roman qui a connu un grand succès en Europe n’est plus aujourd’hui pour elle qu’une ombre du passé qu’elle renie et tente d’oublier.Le féminisme ? Elle ne le prendrait guère au sérieux, elle, qui ne s’empêche tout de même pas à partager dans son interview des pensées suivantes : « Les stress et dépressions, mis à part les vraies maladies qu’il faut soigner n’existent pas mais il y a des choses simples et concrètes qu’il faut savoir vivre et dépasser». D’où vient cette force à Julia Voznesenskaya ? La réponse est certainement dans son prochain livre.
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